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Sultanat de Taddjourah : Ouverture solennelle de l’audience du tribunal coutumier afar chargé de juger un crime de sang.

3 Mars 2020 , Rédigé par Houmed DAOUD ABDALLAH Publié dans #Société

Sultanat de Taddjourah : Ouverture solennelle de l’audience du tribunal coutumier afar chargé de juger un crime de sang.

«Les représentants de toutes les composantes tribales de la communauté afar de Djibouti appelés communément «Debnek-Weïma» se sont retrouvés ce lundi 2 mars 2020 dans le «Miglis» (Assemblée des Sages) à Tadjourah, pour traiter et régler le dossier du crime de sang sous la houlette du Vizir en exercice Son Altesse Ahmed Chehem Ahmed...».

Cette démarche s’inscrit dans la seconde étape de la procédure déclenchée il y a deux semaines.

 

Comme le veut la tradition, c’est Monsieur Chehem Hassan, Okal général représentant de la tribu Ayrol-Asso qui ouvre la séance à laquelle participe outre le Vizir – qui a toujours le dernier mot dans un dossier instruit par l’Assemblée des Sages -, Monsieur Houmed Barkat Siradj, représentant des Ableh, une des principales tribus afar de Tadjourah, ainsi que Monsieur Houmed Abdoulkader Houmed, le Prince héritier et fils du Sultan Abdoulkader Houmed disparu au printemps dernier.

Parmi ces Sages, signalons la présence – toute aussi légitime que celle de ses pairs -, d’un député de la majorité présidentielle en la personne de Monsieur Ibrahim Chehem Daoud.

Le député Chehem Daoud se retrouve au sein de cette Auguste Assemblée, en sa qualité de Okal représentant des tribus alliées «Rukbak-Dermeela». Notons surtout, que rien ne l’empêche de porter les deux casquettes.

Tour à tour, Houmed Barkat Siradj et Chehem Hassan se sont adressés aux membres de la tribu «Daaba-Mela», qui sont conviés à cette audience en tant que tribu victime puisque le défunt était des leurs. 

D’emblée, les «Daaba-Meela» ont été informés de leur droit et, des démarches qui ont été entreprises en amont par les Sages.

Deux types de sanctions ont été infligées à la tribu «Dahlali», qui correspond à celle du meurtrier présumé.

Il s’agit pour la première d’entre elles (sanction), de voir les «Dahlaalis» s’acquitter de cinq vaches immédiatement au titre de l’article intitulé «Arreh dimma ...» qui s’inscrit sur le registre de l’apaisement de la tension et, la pacification de l’environnement social dans lequel vivent et évoluent les deux tribus.

La seconde pénalité qui s’élève à six vaches, correspond à la sanction infligée – toujours aux «Dahlaali» -, pour coups et blessure (Booda kee abal kaliso en afar), portant néanmoins un caractère particulier en raison du décès que ce gestes fatal a entraîné.

Notons surtout, que cette audience publique n’est pas animée par un débat contradictoire, d’autant moins qu’il n’y a qu’une seule partie – celle représentant la victime -, qui est présente dans la salle.

Une dernière pénalité - et non des moindres -, «Baptoisée «Budde lee» en afar infligée aux membres de la tribu «Dahlaali», a pour vocation de bannir purement et simplement le meurtrier.

Pour rendre l’exclusion de l’auteur du crime effective et définitive et, se mettre à l’abri d’une éventuelle vengeance et recouvrer ipso-facto leur liberté de mouvements qui était perdue depuis le début de l’affaire, les membres de la tribu «Dahlaali», se sont acquittés à raison d’une vache par membre majeur et valide.

Dans le cadre de cette affaire, 57 vaches ont été remises aux Sages par les «Dahlaalis».

La troisième et dernière étape de la procédure en cours, sera celle qui va mettre en scène la rencontre physique – jusque là impossible -, entre les deux tribus.

Le jeudi 5 mars 2020 dans l’après-midi, les Sages auront la lourde et délicate mission de réconciliation entre les belligérants.

Avant de voir les «Dahlaalis» s’avancer en rampant - d’abord vers le Vizir, puis vers les «Daaba-Meela» -, pour demander le Pardon, tous les membres de la tribu de la victime seront minutieusement fouillés. Cette opération de fouille au corps a pour objectif, de rechercher d’éventuelle arme blanche qui pourrait être utilisée pour venger le défunt.

Enfin, sachons que l’auteur présumé des faits est entre les mains de la justice de la République et, incarcéré à la Maison d’arrêt de Gabode en attendant d’être jugé.

Houmed DAOUD.

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