Rwanda : le dernier génocide du XX ème siècle.
Rwanda : le dernier génocide du XX ème siècle.
«La disparition d'un homme, c'est une tragédie, et la disparition des millions de gens, c'est la statistique...» (Joseph Staline).
Depuis la décolonisation qui a débuté en 1960, les guerres civiles et les massacres inter-ethniques en Afrique, ont fait plus de 9 millions de victimes et coûté une bagatelle de 200 milliards d'euros...
Images de l'Expresse et de l'AFP.
Crânes des victimes du génocide du Rwanda
De la Somalie au Liberia, en passant par la Sierra Leone, l'Angola, le Congo Kinshasa, ou encore le Mozambique, le Nigeria, l'Ouganda, sans oublier le Rwanda qui est le pays le plus touché par la folie des hommes en 1994, par ce qu'il est désormais convenu d'appeler, «le génocide du Rwanda» - . Bref, le continent noir est meurtri dans l'âme, blessé dans la cher, et pour cause...
«100 jours de folie meurtrière et 1 million de morts»
Durant 100 jours, ce petit pays de l'Est africain qui compte sept millions d'habitants a plongé dans l'horreur absolue en avril 1994 : l'apocalypse s'abat sur le pays tout entier !
6 avril 1994, le Falcon 50 du Président rwandais, Juvénal Habyarima décolle en début de soirée de l'aéroport de Dar Es Salaam en Tanzanie avec à son bord le chef de l’État rwandais, son homologue burundais Cyprien Ntaryamira et dix autres personnes dont trois membres d'équipage français.
Il est 20 h 30 heure locale, lorsque l'appareil présidentiel amorce la descente sur l'aéroport international de Kigali et s'apprête à se poser sur une des pistes d'atterrissage.
Soudain, deux missiles sol air sont tirés sur l'avion depuis les environs de l'aéroport. Le premier manque sa cible, tandis que le second pulvérise littéralement l'avion.
C'est le déclenchement au Rwanda, du dernier génocide du XX ème siècle.
Dès l'aube du 7 avril 1994, se met en place une véritable machine de guerre, ou plutôt, machine à exterminer.
Les miliciens Hutu appelés les Interahamwe, armés de machettes et de gourdins se mettent à massacrer en masse dans Kigali. La fièvre assassine gagne rapidement les provinces du pays.
L'une des toutes premières victimes de cette tuerie d'une rare sauvagerie, est Mme Agathe Uwilingiyimana, Premier ministre rwandaise. Elle est assassinée à la machette.
S'en suit, durant trois long mois, un véritable carnage, au nez et à la barbe des forces onusiennes de la MINUAR (Mission des Nations Unis pour l'Assistance au Rwanda) et des parachutistes français et belges dépêchés pour garantir la sécurité et, éventuellement, l'évacuation des ressortissants étrangers.
Selon certaines informations, les résolutions onusiennes ne prévoyaient en aucun cas, l'usage de la force par la MINUAR.
Alors, à quoi bon d'être présent sur place, si l'on n'est pas en mesure de stopper cette épouvantable «hémorragie» du Rwanda qui est saigné à blanc ?
Qui a tiré sur l'avion d'Habyarimana ?
De nombreux spécialistes civiles et militaires se livrent – même 20 ans après les faits -, à des analyses, des hypothèses les plus abracadabrantesques les unes que les autres, en vue de déterminer la provenance du projectile meurtrier qui a embrasé le petit Rwanda.
Selon la revue française RAIDS, l'attentat contre l'avion du Président Habyarimana est bien le complot des extrémistes HUTU. D'après cette même publication, deux éléments laissent à penser, que les Hutu sont les auteurs de ce crime : "A Kigali, la capitale, avant même que l'avion présidentiel ne soit abattu, des barrages tenus par des éléments de la garde présidentielle apparaissent aux points stratégiques..."
RAIDS avance un autre élément tout aussi troublant : " ces deux missiles sol air ne peuvent être tirés que depuis un camp militaire des Forces armées rwandaises de Kanombe situé à proximité de l'aéroport de Kigali, en raison de l'axe du tir et, de la position de l'avion". Bref.
Le génocide rwandais constitue l'un des crimes majeurs de ce XXème siècle...il a coûté la vie à 1 000 000 de Tutsi et Hutu modérés.
Au cours de ce massacre, d'une rare violence, personne n'est épargnée : hommes, femmes, enfants, vieillards, femmes enceintes (sauvagement mutilées et éventrées)...tous découpés à la machette !
Pourquoi cette tuerie de masse ?
Cette fois, une autre catégorie de spécialistes composés de sociologues, de politologues, de journalistes, d'historiens, s'emploient à trouver des réponses à des interrogations relatives à la tragédie du Rwanda.
Certains d'entre eux mettent ce crime sur le compte des puissances étrangères qui seraient à la manœuvre pour des considérations géopolitiques – incompréhensibles pour l'homme de la rue -, tandis que d'autres, sur celui des rivalités ethniques ancestrales existantes déjà dans de nombreux pays du continent africain.
En réalité, aucun spécialiste, d'aucune discipline, ne pourra expliquer, pourquoi, et pour quelle cause juste ou supposée juste, tant de pertes humaines en si peu de temps !
En lisant de plus près, le déroulement et la chronologie du drame rwandais – qui est sans commune mesure avec d'autres tragédies mis à part l'holocauste -, on doit pouvoir pousser, nous, êtres humains qui peuplons la planète terre, la réflexion jusqu'à ce que l'on comprenne ce qui s'est réellement passé dans les têtes de ces génocidaires, qui pourtant ressemblaient à des hommes et des femmes normalement constitués.
Pourtant, l'animal le plus féroce de tous les animaux, n'attaque ni l'homme, ni ses semblables si il n'a pas faim, ou si il ne se sent pas en danger !
De quoi sommes-nous capables quand il s'agit du pouvoir, ou de l'argent ?
Tranquillité assurée pour beaucoup de génocidaires rwandais.
De nombreux génocidaires rwandais respirent l'air libre en Afrique, en Europe et même France.
Aujourd'hui, les langues se délient autour du Rwanda et des diverses responsabilités à l’œuvre dans la tragédie épouvantable du génocide tranquillement planifié, organisé, perpétré, qui a ensanglanté ce paradis, au cœur de l’Afrique des Grands Lacs.
Pourtant, le Dr Charles Twaguira génocidaire présumé et ancien directeur de l'une des plus grandes cliniques de Kigali à l'époque des faits, a exercé en toute quiétude - des années durant - la profession de médecin dans les établissements hospitaliers français, comme le CHU de Rouen.
Ce n'est que le jeudi 20 mars 2014, qu'il a été mis en examen pour génocide et crime contre l'humanité, et écroué. Il a fallu 20 ans, pour que ce personnage au passé criminel - selon divers témoignages -, soit rattrapé par la tragique vérité.
Ce même Twaguira, se permettait même de prêcher la bonne parole en officiant des cérémonies religieuses dans des paroisses en France, alors qu'ils n'a rien de chrétien, si ce n'est de nom.
Pire encore, des anciens curés rwandais, qui ont participé au génocide en jetant dans la «gueule» des tueurs, les Tutsi venus se réfugier dans les Églises courent toujours.. L’Église est un lieu de culte sensé être un sanctuaire inviolable par qui que ce soit !
Ces «évangélistes» rwandais, à la foi bien plus que douteuse, couleraient des jours heureux, un peu partout dans l'espace Schengen.
Quant à Pascal Simbikanwa, officier de haut rang dans les forces armées rwandaises (FAR) à l'époque des faits et un des grands dignitaires du régime Habyarimana, il écope d'une peine de 25 années de prison pour complicité de génocide et crime contre l'humanité à l'issu d'un procès historique en France, ouvert devant la Cour d'assise de Paris, qui a duré six semaines.
Il est important de souligner, que le verdict rendu le 14 mars dernier par la Cour d’assise de Paris, est le premier dans le cadre de la tragédie rwandaise.. C'est le tout premier génocidaire Rwandais que la justice française a jugé, 20 ans après le drame.
Mieux vaut tard que jamais.
Rappelons qu'il y a d'autres génocidaires qui courent toujours et qui n'ont rien à faire ailleurs que derrière les barreaux.
Aujourd'hui, le Rwanda entend vouloir tourner progressivement la page tragique et douloureuse de son histoire, pour relever le défi du développement économique et social sous la conduite de Paul Kagamé, ex rebelle du FPR (Front Patrotique Rwandais) devenu Président de la République en 2000.
Il s'emploie à assainir les finances publiques de son pays et, revoir l'orientation de la diplomatie rwandaise – avec certains États - mise à mal par le dossier du génocide de 1994.
Houmed Daoud.