Hommage/Alain de Bures a été un passionné de l’Asie et, un ami de l’Afrique et des Africains.
«Chez les de Bures, «aider» est un héritage et,
«donner» est une tradition»
De l’Iran du Chah à l’Afghanistan, en passant par Djibouti, Alain de Bures, l’incontesté spécialiste français du Tiers Monde a passé plus de quatre décennies de sa vie au service des plus démunis... des pays du Sud.
De père Gascon, de mère Bretonne, ce Catalan français – à l’accent méridional difficilement dissimulable -, voit le jour le 12 septembre 1946 à Perpignan. Il est l’aîné d’une fratrie de cinq enfants.
De père cadre supérieur, de mère au foyer, Alain est issu d’une vielle famille française bien plus que tolérante : ouverte à toutes les cultures du monde !
Chez les de Bures, «aider» est un héritage et, «donner» est une tradition. Dès la fin de son service militaire dans un régiment d’infanterie, il boucle ses études de zootechnicien aussi rapidement qu’il ait pu, dans le but de s’expatrier loin de son Roussillon natal, déjà situé à près de 1 000 km de Paris.
Début de l’année 1970, il intègre à 23 ans le CIDR (Centre International de Développement et de Recherches), qui lui propose sur le champ, un poste en Iran où il va passer sept ans, au cours desquels il apprend à parler couramment le perse.
Février 1979, fini la période faste pour l’Iran et les Iraniens, car le régime des Ayatollah instaure une dictature implacable... Tout le monde connaît la suite.
Alain rentre en France, mais sans plus tarder, un poste lui est proposé en Afrique, à Djibouti.
Cette fois, il pose ses valises – en septembre de cette même année 1979 -, dans un pays où, tout est à «faire», ou à construire car, fraîchement indépendant. Il est mis à la disposition du Ministère djiboutien de l’agriculture et de pêche. A peine arrivé, il sympathise avec son référent local, un certain Mohamed Moussa Chehem, qui était à cette époque, chef de service de l’élevage. Rapidement, une franche amitié se noue entre les deux hommes.
Tout juste la trentaine, Alain de Bures déborde d’énergie et de motivation, il sillonne les pistes caillouteuses et rocailleuses des «Monts Mablas» et, du «Moussa-Ali», zone frontalière djibouto-éthiopienne. Notons que, ce territoire arides, est des plus inhospitaliers de la République de Djibouti.
En trois années de présence dans cette région d’Afrique, Alain de Bures a su se faire accepter par les locaux car, l’homme est communicatif et sait aller vers les autres….
A l’issu de son séjour de Djibouti, qu’il disait ne jamais regretter «bien au contraire, puisque j’ai eu la chance de connaitre des hommes de grandes valeurs, tels que Moussa Chehem, le commandant Kassim (Hayssama pour les Djiboutiens), Abdallah Haroun des Mablas (ancien combattant), Haroun Billah okal des Assaya-Mara (chef de tribu) etc etc...", disait-il à l'évocation de ces lointains souvenirs du continent noir.
Il rentre en France en février 1983. C’est le déchirement pour lui, comme pour les amis qu’il s’était fait...
Automne 1983, il est appelé à intégrer le B.I.A (Bureau international pour l’Afghanistan).
Immédiatement, il effectue plusieurs missions de terrain à la tête des techniciens agronomes et vétérinaires français.
Rappelons qu’à cette époque, le pays était sous occupation soviétique et que la guerre battait son plein. Côtoyant la mort de très près. Alain de Bures a travaillé trente années durant – souvent dans des conditions périlleuses -, avec et pour les paysans afghans.
Au fil des années, les expériences cumulée, il devient l’un des plus grands spécialistes français de cette région du Monde, en proie à d’interminables guerres… Au cours de ses innombrables missions, son chemin a croisé celui des personnalités de renom comme le commandant Massoud, qui fut un de ses très bons amis afghans.
Dans son riche répertoire d’amis de tous horizons, l’on retrouve des simples personnes, comme on peut retrouver le nom de Bernard Kouchner.
Avril 2009, Alain de Bures a été décoré de la Légion dd’Honneur sur proposition de Bernard Kouchner.
En 1987, il publie chez «Le défi afghan : L’URSS en échec», avec pour co-auteur Jean-Michel Chaligny. C’est dire combien il était attaché aux paysans afghans qui souffrent le martyr depuis quarante ans.
Durant les quinze dernières années, Alain de Bures a fait venir en France une demi douzaine de jeunes Afghans issus de familles modestes. Il leur a offert – avec ses propres moyens -, les possibilités d’entreprendre des études supérieurs dans les universités de l’Hexagone.
Vingt ans plus tôt, en août 1984, il avait fait venir de Djibouti, l’auteur de ce modeste papier, qui a pou seulr but de rendre un Hommage appuyé, chargé d’émotion et teinté de l'ultime reconnaissance à celui qui a été un papa pour nous tous.…nous ne le remercierons jamais assez, pour ce qu’il a fait pour moi Houmed, pour l’Afrique et Djibouti à travers moi, pour l’Asie et l’Afghanistan...
Alain de Bures nous a quitté le 30 juin 2020 à 73 ans seulement, des suites d'une longue maladie. Repose en paix, tu as rempli les nobles missions que tu t’étais fixées !
Houmed DAOUD