Témoignage/Houroubba et moi : 30 ans d’amitié sans faille.
«Il y a les amis, il y a la famille,et puis il y a les amis qui deviennent la famille…» Christine Sipit.
C’était il y a 30 ans presque jour pour jour, un jour de l’été 1992 le 23 juillet pour être plus précis, que mon chemin a croisé celui de Mohamed Haroun Ali, alias Houroubba, qui est devenu mon meilleur ami très rapidement.
Il est 14 h 15, j’ai fini de prendre mes dispositions pour sortir de chez ma sœur pour me diriger vers chez mon cousin Feu Abdoulkader Ibrahim Sultan, chez qui j’ai pris l’habitude de consommer mon khat depuis mon retour au pays qui date d’à peine une semaine.
Mon cousin germain que je retrouve quotidiennement chez lui à la même heure en compagnie d’autres amis, habite au Héron, un des quartiers résidentiels de la capitale djiboutienne. A l’époque,ce quartier était très mal desservi par les transports en commun. Ce qui me pousse à faire du stop très souvent.
A Djibouti, à cette période de l’année le soleil règne en maître absolu tandis qu’une chaleur écrasante qui transforme le pays tout entier en une véritable fournaise à ciel ouvert, rendant ainsi l’air irrespirable, si bien que le meilleur moyen de se protéger est de se réfugier dans une pièce climatisée.
Cela fait déjà 15 longues minutes que je suis posté sur le trottoir de la route qui mène à la Croix de Lorraine. Je fais face à la Gare et dos au Jardin de la Gare.
Roulant en direction inverse au volant d’une Suzuki de couleur blanche, frappée d’une bande bleue ciel sur le flanc, en me voyant Haroun immobilise instantanément son véhicule et m’invite à traverser la route.
Je m’exécute bien sûr, sans perdre la moindre minute car bien heureux de voir enfin un automobiliste s’arrêter, même si, au demeurant, je ne le connais pas/
C’est en m’approchant du véhicule que je reconnais un cousin et ami Chehem Mohamed Dileïta, qui m’a vu et qui a demandé à son ami Haroun de s’arrêter.
Apparemment amusés de me voir faire du stop dans un pays où, cette habitude n’était pas véritablement ancrées à cette époque, les deux hommes éclatent de rire à peine j’ai pris place dans le véhicule 3 portes.
Depuis ce jour, mon ami et mon aîné Mohamed Haroun Ali et moi, ne nous sommes plus quitté.
Un des faits marquants de cette relation d’amitié d’une exceptionnelle sincérité, est que Mohamed a été mon témoin de mariage célébré à la mairie de Poitiers le 31 octobre 2003. Mieux, l’aînée de mes enfants allait s’appeler Houroubba, si c’était un garçon. Il n’a pas eu de chance, ce fut une fille, qui n’est autre que ma très chère Koubra-Marie-Madeleine.
Comme toutes amitiés sincères et honnête, bien sûr, notre amitié a eu à traverser des zones de turbulence de fabrication humaine, mais nous sommes toujours parvenus à prendre le dessus et à tenir fermement la barre de ce navire qui ne redoute pas les petites vagues qui ne font que l’effleurer en sommes !
Par les temps qui courent, mieux vaut avoir deux ou trois amis sûrs, que dix aussi différents les uns des autres et, aussi malhonnêtes les uns que les autres.
Houmed DAOUD