Société/Tadjourah Dans la région de Tadjorah, M. Abdoulkader Soumbourou Ibiro est aussi connu que le Sultan des Afars, Son Altès Abdoulkader Houmed lui-même... «Dababa» - c'est son petit nom -, ne laisse jamais son interlocuteur indifférent, tant il a l'art de convaincre !
Né un jour de l'été 1966 dans le massif montagneux du Goda à 1700 m d'altitude, Abdoulkader Soumbourou Ibiro alias «Dababa» est le 18ème d'une fratrie de 23 enfants.
Extraordinairement intelligent, tribun hors pair, Abdoulkader s'est très vite distingué par rapport à ses très nombreux frères et sœurs en prenant très tôt, voire trop tôt, son envol.
En Septembre 1972, Abdoulkader est scolarisé à l'école primaire de Tadjourah où, il suivra tout son cursus. Rapidement, l'enfant prend ses dispositions pour se familiariser à ce milieu citadin qu'il ne connaît pas et qu'il découvre chaque jour un peu plus. Pour ce faire, il n'hésite pas – quand il le faut -, à employer la manière forte pour se faire respecter par ses petits camarades. Progressivement, il s'impose et devient un «petit chef».
«Epris de liberté,il veut quitter
le cocon familial...»
Les années collège furent des plus heureuses pour l'adolescent qui savoure passionnément la liberté de dormir au «badaf» (sur la jetée de Tadjourah), comme les garçons de son âge.
Nous sommes au début des années 1980, «Dababa» et sa bande de copains sont à peine âgés de 15 à 16 ans, qu'ils se prennent déjà pour des adultes. Abdoulkader caresse déjà le rêve de quitter le cocon familial dès qu'une belle opportunité se présentera.
Juin 1985, Abdoulkader est viré du collège avec quelques uns de ses camarades pour absentéisme, mais l'adolescent rebondit ! Il trouve du travail dès Septembre de la même année. Il est recruté comme employé polyvalent de la station d'essence Shell de Tadjourah, fraîchement inaugurée par Monsieur Daoud Ahmed Adab, retraité de la Gendarmerie Nationale qui venait de se convertir dans les affaires.
Très rapidement, Abdoulkader gagne la confiance de son patron, grâce à son sens de responsabilité sans égal, son assiduité et sa conscience professionnelle rare chez un jeune homme de 19 ans.
Eté 1988, le patron de la station Shell décide de passer la main à son neveu pour mieux savourer sa retraite amplement méritée, tandis que Abdoulkader a fait le choix de travailler ailleurs.
Sans plus tarder, M. Dixon, un des directeurs de la Maison Coubêche et ami intime du vieux Soumbourou recrute Abdoulkader au Service des statistique des Etablissements Coubêche. Là aussi, le jeune homme est apprécié par sa hiérarchie pour la qualité de son travail et son relationnel particulièrement développé, mais il ne restera hélas pas très longtemps car, le 12 Novembre 1991 il rejoindra la zone occupée par les rebelles du Frud.
«J'ai beaucoup lu Ghandi,
la violence n'a jamais été
ma tasse de thé..»
«Je n'ai jamais cautionné la lutte armée prônée à l'époque par le Frud...» affirme Dabaaba avec conviction et fierté. «J'ai beaucoup lu Ghandi, la violence n'a jamais été ma tasse de thé..» ajoute t-il d'un ton sérieux.
Au milieu de l'année 1994, fidèle à ses idées et convictions, Abdoulkader intègre un groupe de jeunes ayant créé un mouvement baptisé Mouvement pour la Réconciliation et la Paix (MRP) présidé par Mohamed Baarkat Siradj, secondé par un autre fidèle ami de Dabaaba aujourd'hui disparu, Daoud Mohamed Rouffa. Cette structure avait pour objectif premier de soutenir le processus de paix engagé entre le gouvernement djiboutien et les rebelles.
Cet engagement a valu à Abdoulkader Soumbourou ainsi qu'à ses compagnons de cordée (politique), le privilège d'être reçus par M. Ismaïl Omar Guelleh, actuel Président de la République de Djibouti, à l'époque chef de cabinet du Président Gouled.
Dabaaba a été le premier soutien des Accords de Paix d'Ab'aa.
Depuis son retour à Djibouti en 1994, les années se sont écoulées, Abdoulkader s'est marié, Sa très sympathique épouse Amina, lui a donné 5 enfants, tandis que sa toute première épouse, ne lui a donné qu'une fille, Ferouze, aujourd'hui âgée d'une trentaine d'années.
Dans la région de Tadjourah, singulièrement à Dafo et sa périphérie la présence de Abdoulkader est plus que souhaitée, elle est même exigée puisqu'il n y a plus de modérateur capable de régler les petits différends tribaux depuis son départ pour Djibouti pour des raisons professionnelles.
Houmed DAOUD